"LE BRUIT & L'ODEUR" CLÉMENT POPLINEAU: Brussels

3 June - 1 July 2023
Press release
On est tout à notre place dans les musées et sur les murs des galeries. 
À l’occasion de sa premiere exposition solo « Le Bruit & l’Odeur » chez Stems Gallery, le peintre Clément Poplineau est venu en bonne compagnie, sa famille et ses amis, sujets de toutes ses toiles, en invités d’honneur. 
Le jeune artiste n’a pas peur du clash et sait jouer des contrastes avec sa peinture figurative aux accents baroques. Des toiles de silhouettes encapuchonnées et d’actes délictueux pour clore une série sur les quartiers populaires, débutée il y a 10 ans. Usant de son style impertinent et réaliste, le peintre endosse le rôle de témoin de la réalité sociale de ces territoires qu’il connaît si bien. 
Partout chez Clément Poplineau, transpire l’urgence de se raconter sans intermédiaire, soi-même, afin de faire taire les voix médiatiques et politiques qui caricaturent et déforment des existences émaillées par la violence, prisonnières des dilemmes auxquels expose la précarité. Billets dans les mains d’un bébé et distributeurs BNP Paribas, l’argent manque cruellement et devient une obsession. Véritable ode au grand écart, avec ces portraits intimes et ces scènes d’une grande violence, son oeuvre explore toute la complexité d’une certaine condition sociale. 
Au-delà du constat, l’artiste sait aussi manier les codes de la tradition occidentale avec ingéniosité. Théâtralité solennelle, visages graves, mouvements suspendus, pour peindre ces scènes du quotidien, le jeune peintre à fait le choix des pigments naturels. Il ose des clair obscurs d’un autre temps et fait poser ses proches comme des icônes religieuses tout droit tirées de la Renaissance tardive. 
Clin d’oeil à cette période de l’Histoire où le poids de la religion se fait moins lourd et les toiles se libèrent de la morale, Clément Poplineau peint l’illégalité au travers de ce qu’il aime appeler les « activités symboliques. » Sur des fonds noirs comme l’avenir, ses personnages fraudent le métro, braquent et vendent de la drogue dans une intensité dramatique digne d’un Caravage. Quand d’autres prennent le micro pour poser un texte, le jeune artiste s’empare d’images stéréotypées pour fabriquer une galerie de scènes disruptives, où un vol à l’arraché peut initier une épopée épique et rouler un joint devenir un geste sacré. Avec en tension le risque de renforcer les stéréotypes, sa peinture se nourrit des paradoxes de la représentation. Sweat-shirt rouge carmin qui semble avoir été teint à la cochenille, doudoune bleue comme l’était la robe des rois de France, les sujets sont magnifiés, élevés au rang d’une noblesse de notre temps.
En 1991, le président Jacques Chirac choque l’opinion. Dans un discours, il avance que « le bruit et l’odeur » des populations immigrées dans les quartiers populaires justifient la haine de certains français à leur égard. Le peintre s’approprie l’insulte, retourne le stigmate et donne naissance à une peinture contre-discours. Renoi, roumains, arbi ou babtou, peu importe, la galère est universelle et l’entourage de l’artiste, dans toute sa diversité, gagne le droit à sa toile sur-mesure. S’extirpant des clivages communautaires, Clément Poplineau s’attèle à faire revivre une idée presque désuète à l’heure d’un ultra-libéralisme tout puissant : la lutte des classes. 
Parce que le geste du jeune peintre est d’abord motivé par la loyauté, il fait ici l’éloge de cette clique de « bicraveurs, braqueurs …» qui sont aussi ses amis, ses sujets et eux-mêmes des artistes. Énième exemple d’une génération pour qui le faire-ensemble est définitivement une évidence. Usant en pleine conscience du vocabulaire visuel de la violence, Clément Poplineau se lance à corps perdu dans une démarche réparatrice et s’évertue à rendre à César ce qui a toujours été à César. 
 
– Marouane Bakhti 
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